MEDIAS :
pourquoi je n'écris jamais d'article
par Empireuf Balloche,
Directeur de la rédaction du Journal des Savants,
ami personnel de Jean-Marie Colombani


 
Un spectre hante le monde : celui d'Empireuf. 
Empireuf, alors qu'il était très très jeune dans sa tête, décida un beau jour de créer un journal nouveau. Non un de ces trucs mal ficelés qui ennuient tout le monde, mais un journal neuf, qui comprendrait en son sein la totalité des préoccupations de ses contemporains. Ambition démesurée pour un si petit être ? Sans doute. Mais à l'impossible nul n'est tenu, un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, et il ne faut jamais acheter chat en poche. Aussi nore lapin entreprit-il de se lancer dans cette aventure intellectuelle, comme ça, sans soutien ou presque (voir ci contre).
roue
micro-onde
FH
Empireuf, alors jeune et plein d'ardeurs, engagea un comparse de sa famille pour lui servir de faire-valoir. Ce jeune impétueux plein de qualités, nommé Englouteuf, accéda aux desiderata de son mentor, tout en imposant sa ligne. Ensemble, ils composèrent une équipe éditoriale aussi percutante que le fut en son temps celle des 4 Fantastiques.
Sauf que là ils étaient 6. 
Empailleuf et Angoreuf, deux vénérables Londoniens, et le couple tendre d'Empoteuf et Excelsior (ou Excelsior et Empoteuf, pour ne vexer personne), complétaient l'équipe du Journal des Savants première mouture et version papier. **Grâce aux prodiges de la technique vous pouvez retrouver ici même ce numéro unique et historique, gracieusement mis à votre disposition.** Vous y lirez surtout la contribution inoubliable d'Empireuf sur les cris dans l'archéologie. On s'en rendit mal compte à l'époque, mais cet aperçu tout simplet dans la pratique archéologique allait enfanter sans douleur les bases d'une discipline tout neuve : la lapinologie, ou science vue par un lapin.
On ne compte évidemment plus aujourd'hui les congrès, revues, livres et chaires d'universités consacrés à cette science. Il est certes difficile d'imaginer qu'on ait pu s'en passer si longtemps - mais après tout et aussi étrange que cela puisse paraître, le monde s'est passé des siècles durant de la roue, du four à micro-ondes et de François Hollande !
En dépit ou à cause de l'audace de cette publication, la diffusion n'atteignit pas un seuil raisonnable aux yeux de notre lapin. C'est pourquoi le numéro 2 ne vit jamais le jour, malgré les protestations des abonnés qui avaient pour certains payé jusqu'à dix ans d'avance pour un Quotidien des Savants et de la République. Ils avaient, on s'en doute, confondu avec le fameux journal citoyen et de gauche du cher Henri Emmanuelli (voir ci-contre). Ces abonnés spoliés étaient d'autant plus excusables que c'était conjointement aux Journal des Savants et au Quotidien de la République que le Parti socialiste consentit à faire un "prêt d'honneur" de quelques millions de francs. Mais c'est Henri qui empocha tout. Tradition oblige.
Aujourd'hui que cette tentative apparaît pour ce qu'elle était, un acte pionnier et de qualité dans le monde abrupt de l'information sans concession, on comprend que ce numéro 1 unique s'arrache désormais chez les bouquinistes à des prix somptuaires. Les collectionneurs savent bien, en vieux sages qu'ils sont, combien les journaux bons se bonifient avec le temps. Interrogé sur ce point, le célèbre collectionneur Louis A. (Nanterre, Hauts-de-Seine, voir ci-contre) nous a d'ailleurs confirmé qu'il fallait conserver coûte que coûte les vieux journaux. "On s'en fout si ça prend de la place" a-t-il clamé dans sa langue restée verte, "on ne vit qu'une fois, ha ha !"
Fasciné par les nouvelles technologies, comme tout un chacun, Empireuf décida alors de concilier ses deux passions en une seule : il allait lancer le Journal des Savants, publication érudite mais bon enfant, sur la Toile Multi-Virtuelle Surfante et Planétaire : le WWW. Au départ, Empoteuf qui n'avait pas tout compris cru qu'il s'agissait du WWF, le truc avec le panda vous savez. Haha, sacré Empoteuf, va. Tu n'es pas resté jeune longtemps toi mon gaillard. Non, le WWW c'est un autre monde, une autre dimension dont vous n'avez pas idée. Enfin, un peu, si vous lisez ceci, mais c'est infime par rapport à tout ce que ça va changer dans les rapports lapins/machines. Sans parler du reste.
Et c'est ainsi qu'un beau jour d'août 1999, le premier numéro du Journal des Savants vit le jour. Oh, il n'était pas parfait ; la mise en page laissait à désirer, les images étaient nullissimes, la mise à jour était scandaleusement occasionnelle et Ennuyeuf était encore des nôtres. Heureusement, tout cela a changé, et le numéro que vous lisez témoigne de l'immense progrès effectué depuis lors. Empireuf, depuis son bureau climatisé froid quand il fait chaud, et chaud quand il fait froid, contemple les bras derrière son petit dos la ville qui s'étend à ses pieds. Il repense, songeur, aux débuts difficiles qui présidèrent à son entreprise. Que de soucis... Mais que de joies! Michèle rejoignant l'équipe, Modeste Mignon, Enchanteuf, tant d'autres qui affluèrent et continuent d'affluer vers ce pôle d'excellence, oui, c'est la gloire pour toi, Empireuf. Tu peux regarder fièrement derrière toi, si tu parviens à tordre suffisamment ton petit cou : ce que tu as fait, aucun écureuil ne l'aurait fait...
Puis Empireuf, s'ébrouant de ses songeries, regagne son bureau acajou format Ministre pour compulser la comptabilité qui vient de lui être remise par Olivier Spithakis (ci-contre). Un patron de presse affairé nous laisse nous glisser hors de son bureau où s'élaborent tant de stratégies...
Empireuf n'écrit plus. Il est trop occupé. Un pigiste talentueux s'est chargé de recueillir ses impressions diverses ci-dessus. Qu'Empireuf en soit ici remercié.
Longue vie au Journal des Savants ! Longue vue à Empireuf !
Englouteuf.


revenir au sommaire du numéro 8

revenir à la page de présentation

aller aux archives