Le long chemin vers l'intelligence
Angoreuf Pinini
Bibliothèque de littérature de terrier
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Qui a dit que c'était si facile de réfléchir ? Hein ? QUI ?

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Quolibet - Faisan (ce) - Qu'hérisson 
Dans le vaste panorama culturel que dresse chaque soir Véronique Pellerin, une question reste en suspens et nous brûle les babines : quand est-ce qu'on mange ? En outre, mais avec moins d'urgence, la question de l'existence même de l'intelligence devient chaque soir à 22h10 un peu plus énigmatique. Or, s'il a été accordé par Dieu et l'Evolution Naturelle aux lapins de bavasser, se battre, danser la samba et tremper l'oreille dans la moutarde, sans qu'il leur en soit jamais tenu rigueur, il serait inexact d'en inférer sans précaution que ces amours de petits êtres sont doués d'intelligence. D'où notre problème : soit le lapin pense, et réfléchit comme n'importe quel gougnafier, soit il ne pense pas du tout, ou au maximum aux heures syndicales du fonctionnaire.
 Le point soulevé ici n'est pas anodin ; il n'en est pas moins bien cônnu. En tout état de cause, nous refusons ici délibérément les termes précis où on feint d'enfermer la question. Car enfin, que le lapin pense ou bien ne pense pas, il n'en est pas moins patent qu'il s'agite miraculeusement comme un beau diable, et ça, qu'on l'accepte ou non de bon coeur, c'est assez formidable et un peu exceptionnel.
 Mais ici nous voilà, ce semble, enfermés dans un cercle vicieux insoluble. Or comme tout lapin, et ni plus ni moins que toute lapine, je n'ai que répulsion pour le vice. D'où il ressort avec majesté que je suis vertueux, et aime l'être (voir mon prochain article dans le Journal des Savants, Vice et vertu, ou l'alternativede la compote de pommes, à paraître). Le cercle vertueux, voilà où nous autres, Pinini, nous complaisons, en vagabondant circulairement (au sens figuré s'entend), faisant des pirouettes et cabrioles, jouant à saute-lapin quand bon nous semble ou bien lorsqu'un grand lapin volumineux et pas rapide nous bloque le passage. 
 En somme, refusant le cercle vicieux où j'assène sans preuve que nous voilà enfoncés, j'opte sans même me retourner pour une approche bucolique de la situation. Sans scrupule, mais sans rancune non plus, je gambade avec insouciance, saluant d'un hochement de tête les petits oiseaux, écrasant d'une pichenette les chats sur mon chemin. Et me voici en route sur la voie de l'intelligence, qui est au crétinisme ce que le lapin nain parisien est au lapin vulgaire.
 En toute simplicité, je démontre ce qui était requis. 
 Comme le Philosophe, je prouve le mouvement en marchant...
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