introduction
Trop souvent, dans nos civilisations repues et aux joues adipeuses,
on persiste à nier la radicalité d'un geste essentiel, à
refuser de l'articuler autour du concept général de bouffe.
Nous voulons bien entendu parler du grignotage de tablettes de chocolat
du bout de nos petites dents. L'objet de cette première contribution
est de mettre un terme à ces stupides préventions, entretenues
par des personnes de l'ombre qui nous sont bien cônnues et qui opèrent
en groupes organisés.
première partie : l'origine d'une crainte infondée
Au lapin qui voudrait s'exercer les quenottes sur une plaquette entière
de chocolat, on oppose bien souvent des raisons plus ou moins iniques.
La coercition semble aussi de mise, et plus souvent qu'à son tour
en tout état de cause. On parle de caries du lapin, particulièrement
douloureuses ; on prétend que le chocolat est périmé
de longue date, et qu'il ferait mal au petit bidon (ici il est d'usage
de gratouiller la boudine du lapin pour le consoler par la chatouille -
piètre procédé, en vérité) ; on s'invente
une envie subite de chocolat, un besoin vital qui n'a d'autre but que de
priver le lapereau de la pitance dont il se faisait, bien innocemment,
une fête, etc, etc, etc. Les prétextes sont transparents,
et la volonté de nuisance éclatante : priver le lapin de
chocolat, c'est la continuation de la guerre par d'autres moyens (comme
dit le Poète), cette guerre à mort livrée contre nous,
et malgré nous, par les parasites qui nous envahissent à
date fixe selon leurs razzias sanglantes et huileuses.
deuxième partie : la reconquête
Cette situation, où nous faisons souvent figure de petites victimes
innocentes mais mignonnes, ne doit pas durer. Dorénavant, je propose
en toute logique que nous nous ruions sur tout chocolat à notre
portée, sans distinction de taille ou de couleur (car ne serait-ce
pas le début d'une nouvelle exclusion ?). Chocolat blanc, au lait,
aux noisettes : tout est bon pour nos petits estomacs qui crient famine.
Se pose alors la question de la réponse graduée à
adresser aux tyrans des moeurs qui nous débectent.
(la deuxième partie de cette analyse paraîtra dans
un prochain numéro, quand l'auteur aura mené sa réflexion
et sa digestion à leur terme) |