Par exemple, le commerce extérieur est en excédent, le chômage baisse, jamais on n'a compté autant d'abonnés au téléphone portable, et c'est bientôt Noël. Pourquoi, dans ces conditions, continuer de grogner et de hurler aux "tous pourris" ? Comme si nous ne savions pas où mène un tel poujadisme nihiliste : droit dans le mur. Et ça fait mal, ça laisse des bleus partout. Donc, ayons le courage de le dire : la politique se porte bien en France, et plus particulièrement grâce à certains partis.
Certains soutiennent que ce qui fait la réussite, le charme et la vertu de la Gauche plurielle au pouvoir, c'est avant tout sa composante écologiste. Rien n'est moins vrai. Hormis les utiles discussions anti-chasse, les Verts n'ont toujours pas proposé d'entériner la réforme constitutionnelle de leur programme : donner le droit de vote aux lapins. Le Journal des Savants tout entier s'associe à moi pour hurler de rage et de rancoeur face à cette forfaiture. A quoi ça a servi alors de déguiser tous ces lapins en nains de foire avec faux papiers aux dernières législatives, en leur donnant des consignes de vote explicites ? Nous avons été floués par Monsieur Mamère, et nous ne l'oublierons pas.
Non, le véritable pivot de la majorité, l'ordonnateur
discret des bonnes réformes, l'inspirateur invisible des meilleures
décisions, c'est bien entendu le Parti des Radicaux de Gauche (PRG),
ex-Radical, ex-Mouvement des radicaux de Gauche, ex-...
Sous tous ces noms adorables, un parti unique joue à cache-cache
avec ses électeurs. L'un des jeux de chaque scrutin est pour le
radical de gauche de retrouver son parti habituel sous son nouveau nom
et défendu par des nouvelles personnalités. Pour cela, l'électeur
est un peu aidé : ce sont bien souvent des vedettes de la télé
qui lui font des clins d'oeil complices. Par exemple, qui ignore que l'actuel
Président du PRG est le fameux Jean-Michel Baylet ?
Car c'est le destin des formations modestes et séduisantes que d'attirer à elles la crème de notre société. Rappelons-nous à cette occasion que lors des Européennes de 1994, c'était le grand comédien et homme de radio Bernard Tapie en personne qui dirigeait le parti glorieux et conduisait la liste, avec l'excellent score que l'on sait. Par la suite, c'est le docteur Kouchner lui-même qui songea à rejoindre les rangs du PRG. De même, Jack Lang fut un temps pressenti pour animer des soirées rave avec les militants retraités du Tarn-et-Garonne. Tous ces projets ont pour l'heure échoué, mais ne désespérons pas qu'ils aboutissent un jour. Si ces deux adhésions avaient eu lieu plus tôt, la Techno Parade et les colonnes de Buren auraient été rad-soc, et le Royaume du Kossovo aurait à sa tête un des représentants de l'élite politique mondiale, sans parler de la gloire de compter un Prix Nobel de la Paix dans ses rangs.
Mais en attendant, ce sont deux personnalités d'envergure qui ont annoncé simultanément leur ralliement à la gauche radicale de qualité. La philosophe Blandine Kriegel et le poète Enrico Macias ont soudainement rejoint ces rangs illustres. Comme de juste, ils ont été bombardés aussitôt à des postes de responsabilité à la mesure de leurs talents. Avec eux, soyons tranquilles : la politique, et la France avec elle, ont un avenir radieux, et entrent du bon pied dans le nouveau millénaire.
Le site officiel du PRG, où l'on apprend une foule d'informations, telles que le nombre de radicaux au sein du Conseil Economique et Social (ils sont au nombre massif de trois). Vous pourrez vous recueillir un moment sur le cadavre virtuel de Michel Crépeau, disparu tragiquement dans un accident de trottinette. Vous pourrez surtout signer, et des deux mains (ou des deux pieds pour les manchots, ou des trois mains pour les accidentés de la vie, ou des dents pour les plus adroits d'entre vous), la pétition exigeant le transfert des cendres de Mendès France au Panthéon. Il ne faut pas l'oublier : c'est le même parti qui a en effet compté Bernard Tapie et Pierre Mendès France pour présidents successifs. Toujours l'idéal de rigueur et de cohérence qui caractérise la gauche cassoulet. Il paraît que si le transfert des cendres ne se fait pas, on envisage de lancer une grande pétition pour l'achat d'un bouquet de pissenlits à disposer sur la tombe du grand homme. C'est bien le moins, pour rendre hommage à celui qui sut introduire la pause verre de lait dans les écoles maternelles, préparant ainsi les bambins à l'occupation principale des adultes : glander à côté d'une machine à café.
Le site des Radicaux de Gironde (33). Un bémol cependant : la position par rapport à la chasse. Les radicaux girondins en font l'une de ce qu'ils nomment "idées radicales". Ils défendent leur position en ces termes : "Jamais les Radicaux de Gauche n'accepteront que l'on manifeste pour ou contre une "Idée" en attaquant physiquement les "Personnes". Quand enfin comprendra-t-on que l'amour de l'environnement est aussi celui des chasseurs et de nos traditions ? Quand les Radicaux seront-ils vraiment entendus ?" Nous ne comprenons pas l'allusion de la première phrase, mais pour le reste, les collaborateurs du JdS craignent qu'il s'agisse encore une fois d'une apologie déguisée du lapinocide et d'une incitation à la haine lapine. Nous ne pouvons suivre nos amis Radicaux jusque dans ces extrémités.
Enfin, ruez-vous vous aussi sur le site
des Jeunes Radicaux de Gauche. Voilà ce qu'en dit le site officiel
du Parti : "Les JRG y présentent les valeurs fondatrices du Radicalisme
ainsi que la Déclaration Universelle des droits de l'Homme. Ces
deux rubriques sont voisines, ce n'est peut-être pas un hasard...
Conçu par les jeunes radicaux de la Drôme, ce site présente
aussi quelques pages de politique locale." Rien de plus vrai, rien
de plus juste.
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