La psychanalyse nous aide comme toujours à penser ce phénomène.
Interrogée à ce sujet, la célèbre Elizabeth
Roudinesco nous répond ceci:
"Halloween c'est la fête des morts. C'est l'occasion ou jamais
de faire le deuil. Deuil de quoi? Des morts, ou des futurs morts que nous
sommes tous appelés à devenir. Car nous sommes mortels, comme
disait mon maître David Copperfield. Donc nous prenons le deuil.
Or, ce qu'il y a de particulier, c'est que nous ne nous habillons pas de
noir, mais de citrouilles. Remarquez que nous pourrions peindre la citrouille
en noir, mais là mes capacités de réflexion se heurtent
à leur limite naturelle. Donc la citrouille est orange. Ce qui se
passe, c'est qu'on exorcise nos frayeurs d'enfance, c'est-à-dire,
selon le jargon (pardonnez-moi, je ne peux pas l'éviter), nos frayeurs
de quand est-ce que nous-autres on était toupitits, en riant
de la mort. Alors que d'habitude on pleure. Cf. Sophocle et sa tragédie
Miracle à Broadway. D'où il ressort que cette fête
est appelée à devenir un gros gros succès, passqueu
il y a un besoin. Or l'économie nous enseigne que un besoin eh ben
c'est fait pour être euh, comment on dit, euh... oui, comblé,
merci. Voilà. Des questions?"
Tournons-nous vers la sociologie à présent. Le célèbre
professeur Enchanteuf (Univ. de Beurk-Laid) analyse tout ce qui se passe.
"Je croise tous les jours des citrouilles. Ca me rappelle le temps
de mon enfance, quand j'habitais pas loin d'un champ. Mais les citrouilles
de par chez moi, elles étaient bien plus petites, je sais pas où
ils trouvent ces monstres. Bon, après les citrouilles on en faisait
des confiotes chez moi, c'était la Mère-Grand qui touillait.
D'ailleurs son mari le lui disait tout le temps: "Faut touiller, Emmanueuf!"
Alors elle touillait, touillait... C'était pas très bon,
mais vous avez déjà essayé de bouffer des sapins de
Noël vous? Eh ben, alors? Pourquoi qu'on se forcerait à bouffer
ça, les citrouilles, si c'est pas fait pour ça? Déjà
qu'il va falloir se farcir les galettes des rois! Il va encore falloir
que je triche pour avoir la fève, en prétextant que j'adore
la frangipane, donc que les autres ont qu'à se partager la croûte
entre eux. Mais c'est pas une vie, ça, de bouffer les trucs de fête.
Non."
Les esprits s'échauffent, le ton monte: on le voit, la fête
d'Halloween a conquis le coeur des Français, et tout le monde s'en
félicite. Merry Halloween!
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