MEDIAS :
VERO PELLERIN, MADONNE DES ONDES
par Empailleuf,
Délégué français aux négociations de l'OMC,
Créature de rêve.

 

Longtemps nous nous sommes mouchés de bonheur en entendant la nuit venue sa voix douce nous sussurer les infos du monde. Jusqu'à cet été, Véronique Pellerin, femme de radio, exerçait son activité le soir, à 22, 23 et 24 heures, sur les chaînes France Musique et France Culture. Sa belle voix de fumeuse nous ensorcelait juste avant d'aller au lit, et c'était sur l'annonce du temps qu'il fera demain que nous nous couchions. Immanquablement, elle finissait son dernier flash par ces mots tendres : "je vous souhaite une bonne nuit à l'écoute de France Culture. Bonsouar !" Et nous, dociles, nous nous endormions en nous lovant sous la couette au fond de notre terrier, restant à l'écoute des fabuleuses nuits de France Cu.

Puis ce fut la Révolution. L'historienne et femme de lettres Laure Adler ayant pris le contrôle de l'antenne, toutes nos habitudes furent chamboulées. Mais nous, Baloche et autres lapins de valeur, nous n'avons pas pour coutume de faire les grincheux. La radio a pris un coup de jeune merveilleux, et nous en sommes à présent ravis. A bas les réacs !

Véro n'a pas échappé au grand chambardement. Désormais, c'est le week-end qu'elle officie, et ô surprise, le matin ! Elle, la couche-tard, la noctambule des ondes, la fêtarde aux nuits blanches a réussi à trouver suffisamment de force de volonté pour être réveillée dès 7 heures ! Mais comment fait-elle ? "C'est bien simple. Je me couche après 12h45, dernier journal de la mi-journée. Après c'est plus moi. Donc, au dodo!" Et en semaine, au fait, ça ne lui coûte-t-il pas trop de ne plus intervenir en semaine ? "Mais j'interviens! Je fais des petits reportages, je donne des points de vue perso, vous savez moi j'aurais dû être éditorialiste. Il faut à tout prix que je donne mon avis. L'info brute et sans analyse, c'est pas mon truc." C'est à ça qu'on reconnaît les grandes professionnelles. Ca vous choque quand on vous compare à Claire Chazal ? "Un peu. D'abord, c'est confondre les potiches avec les vraies journalistes. D'accord elle est bien jolie, mais question intelligence... enfin, je veux pas être méchante, et puis on est consoeurs, mais quand même..." Mais vous savez, vous aussi vous êtes très jolie. "Merci." De rien. 

Bon, de quoi on pourrait parler, ah oui, comment fait-on pour gravir tous ces échelons et arriver comme vous au faîte d'une carrière ? "C'est bien simple. J'ai fait plein de petites piges pendant des années" Oui, on se souvient de vos reportages sur France Inter. "Oui, mais arrêtez de m'interrompre. Donc j'ai fait des petits boulots, puis un jour quelqu'un a remarqué que je n'étais pas à ma vraie place. Aussitôt j'ai été mutée à France Culture. C'est plus épanouissant" Sans parler de la convivialité, n'est-ce pas ? "Mais vous allez me laisser parler, oui? Bon. Donc à force de faire des petits flashs infos de plus en plus personnalisés, on a fini par me dire que j'étais trop excellente, et qu'il valait mieux que je passe le week-end en matinée, parce que c'était le prestige quoi. Voilà. Ben alors, plus de questions ?" Ah tiens j'ai le droit de parler maintenant ? Non non je suis pas vexé du tout. Au fait, on se souvient souvent de vos mots d'auteur, par exemple quand vous dites "je cite" ou "fin de citation" en accentuant beaucoup sur les syllabes. Pourquoi faites-vous cela trois ou quatre fois par journal ? "C'est simple. Quand j'accentue comme ça, c'est pour me moquer doucement de ceux que je cite. C'est une mise à distance. Vous comprenez ?"  Oui, oui. Et pourquoi ces mots rigolos que vous introduisez parfois, "patate chaude", "le cul par terre", "Laure de Vulpian", etc? "Mais, mais, tout simplement parce que ça fait partie de l'actualité mon petit ! C'est mon job à moi, comme vous au Journal des Savants !" Enfin dernière question : ça vous amuse de faire la pitre alors qu'il y a la famine au Soudan ? "Je ris, mais je dissimule ainsi un immense désespoir. Je ris pour ne pas pleurer. Bouhouh !"

C'est sur ces larmes et ces sanglots que nous laissons Véronique. Gageons qu'elle nous fera encore bien rire avec ses gaffes et ses citations marrantes. Mais nous saurons désormais quelles plaies ces astuces dissimulent.
 

Véronique Pellerin est audible tous les samedi et dimanche sur France Culture, à 7h, 9h et 12h30 pour de somptueuses clowneries. revenir au sommaire du numéro 6

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