Milovanoff, ou la poésie à fleur de peau
JP Milovanoff est un auteur discret. Après
un passage à France Culture, il décide de se lancer
dans la littérature. «On entre en littérature comme
on entre en religion, nous a-t-il assuré, et religion, ça
veut dire relier en latin.» Nous ne demandions ni tant d'érudition,
ni tant d'originalité. Mais avec Milovanoff, on n'est jamais au
bout de ses surprises.
Pourquoi diable a-t-il quitté cette radio
secrète et ambitieuse? «A force d'entendre des écrivains
parler, et de voir le résultats de leur travail, je me suis dit
: pourquoi pas moi?» En effet, pourquoi pas. Et le résultat
est éblouissant: presque chaque année depuis 1995, il nous
fait parvenir par voie de librairie, immanquablement fin août, début
septembre, et par des éditeurs de plus en plus exigeants (Grasset
actuellement) un livre merveilleux, où il est question d'amour,
de nostalgie, de retour à la nature... Les décors sont flamboyants
et faciles à visualiser puisqu'ils sont ceux d'un téléfilm
TF1, les anecdotes historiques trouvent leur source dans la dernière
commémoration officielle, de sorte que tout le monde les a en mémoire
presque aussi bien que l'auteur, et les péripéties sont suffisamment
connues d'avance pour ne tournebouler personne. De la littérature
paisible, faite pour des jeunes séniors mal remis de la disparition
prochaine de Barbara Cartland. On y trouve des images aussi magnifiques
que les suivantes, relevées par notre confrère du Nouvel
Obs Garcin:
«La vie est « légère comme un vin blanc ». Les yeux sont « gris comme la pointe d’un clou neuf ». Le rasoir est « affûté comme une oeillade ». Les bords de la rivière miroitent « comme les écailles d’un dragon décapité par la lumière ». La main dans les cheveux est tiède comme « une fouine sous les flocons ». Le coeur est « comme un chien qui s’est fait coincer une patte ». Et les mots sont « frêles comme des coquilles d’amande pleines de silence et de larmes, des mots qui résonnent dans la poitrine comme des appels dans un bois ».»
Que dire de plus beau, de plus juste, de moins entortillé?
Mallarmé n'aurait pas mieux trouvé.
Il paraîtrait, selon les langues perfides du Canard Enchaîné,
que Milovanoff serait à présent soumis aux conditions d'un
footballeur de deuxième catégorie : son transfert de Julliard
à Grasset aurait coûté «1 million de francs».
La littérature commence enfin en France, avec JP Milovanoff, à
se hisser au niveau des activités les plus nobles de l'esprit.
Angot, l'enfant sauvageonne
Christine Angot a un secret. «Tu sais,
toi, c'est quoi que c'est mon secret.» Moi? Non, c'est quoi?
«Mais si que tu le sais ben, va!» C'est que vous racontez
vos amours saphiques à longueur de page? «Mais non, tout
le monde sait ça, et puis comment que j'aurais la première
page du Monde des Livres, sinon, hein?» Euh... Je sais pas...
Que vous ayez été violée par votre père dans
un confessionnal? «Nan, ça c'est juste pour que Libé
et les Inrockuptibles parlent de moi. Cherche, mon ptit, allez quoi, tu
sais bien!» Mais je cherche, euh! Et puis arrêtez de me
gratter entre les oreilles. Je sais pas moi... Le secret c'est que vous
savez lire et recopier? «Tu veux dire pour les passages du dico
de Rounidecso sur la psynachalyse? Nan, mais ça, c'est pour faire
pas a-na-lpha-bête, enfin tu comprends. C'est pour mon entrée
à l'a-ca-dé-mie, qu'elle a dit Josyane.» Alors
là, je vois pas. Non, vraiment. Bon je donne ma langue au chat.
«Tu connais George Sand?» Oui,
de nom. «Eh ben, c'est une femme, elle était mariée
à un type. Sand, c'était pas son vrai nom. D'ailleurs George
non plus c'était pas son vrai prénom. C'est comme si que
moi j'm'appelais Christian.» Oui, bon, mais encore? «Oh,
t'énerve pas hein, y a pas l'feu. Son mari, il s'appelait Sandot,
ou quekque chose comme ça. Et son idée à elle c'était
de prendre le nom mais presque, tu vois?» Euh... «Sandot,
Sand. Tu vois?» Euh... Oui... Et alors? «Alors? Tu demandes
alors, mon p'tit? C'est l'abréviation de quoi à ton avis,
Angot, mon chéri?» Mais, mais, lâchez-moi! Je veux
pas le savoir, satyresse!
Bonne rentrée, avec la littérature française
de qualité!
Au fait, à ceux qui s'étonneraient
qu'on ait cité les passages de Milovanoff par les citations qu'en
font les journaux, nous répondrons que d'abord on les achète
pas forcément ces bouquins, et qu'ensuite si on les achète
on a pas envie de casser les reliures, sinon c'est moins cher pour Gibert.
De toute façon, ça prend trop de temps de lire des trucs
pareils. Pour ceux qui voudraient savoir les titres des livres dont on
a parlé, ils ont qu'à aller à n'importe quelle librairie.
On va pas vous mâcher le travail, quand même. Sauf si c'est
comme ça que vous appelez les carottes.
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