Le régionalisme, une valeur d'avenir
On l'a encore constaté récemment à
propos du débat sur les langues régionales. Cultiver ses
racines régionales, c'est un peu préparer la fédération
que tout le monde appelle de ses voeux: le terrier est notre patrie, mais
l'Europe est notre avenir. C'est du moins l'opinion de tous ceux et toutes
celles qui rêvent et qui ont l'espoir généreux.
Dans cette optique, Gironde
Magazine ne peut pas proposer meilleure défense et illustration.
Ce journal, qui se proclame «magazine de la culture et du terroir»,
ne peut mieux correspondre à l'idée de la modernité
que se fait le Journal des Savants. La culture, le terroir (terroir
et terrier ont même racine, ne l'oublions jamais. D'ailleurs terrasse
aussi. Et ver de terre), tels sont également les deux mamelles de
notre journal. On trouve dans ce magazine ami une remarquable mine d'écrivains
du coin sous la rubrique «les auteurs aquitains se livrent.»
Ne manquez pas le jeu de mots.
Classés par ordre alphabétique sous
leur petite photo, ils ont l'honneur de compter parmi eux des noms aussi
prestigieux que ceux de Roger Lignereux ou de Francine Ollivier. Mais c'est
bien entendu la contribution de Luc Montanari qu'on retient. Il nous livre,
dans son style inimitable, l'histoire de sa vie en deux mots:
«Né
à Agen en 1959. Vit à Bordeaux. Il se consacre uniquement
à l'écriture (sic) ce qui lui donne la chance d'effectuer
quelques voyages qui le conduisent vers New-York, le Canada, Cuba. Amateur
de rugby et de corrida, j'aime (sic pour la personne) tout ce qui
tourne autour de la fête. Plus sensible au monde social qu'au carcan
économique, il entreprendrais (sic) bien des actions d'écriture
dans les milieux dévalorisés ou carcéraux.»
Après cela, qui n'aurait envie de se consacrer «uniquement à l'écriture» pour voyager de-ci de-là en faisant la fête et en allant voir la corrida, tout en jetant un coup d'oeil de temps à autre à son bled CE1 pour «entreprendre» de bonnes «actions d'écriture»? Un site à visiter absolument.
L'engagement citoyen
Cet impératif catégorique s'impose
tous les jours à nous de plus en plus impérieusement. Nous
avons retenu deux journaux parmi une multitude significatifs de cette nouvelle
militance sympathique, jeune et cultivée.
Le premier, et le plus ancien, n'a pas donné
de ses nouvelles depuis la mi-juillet dernier, mais nous assure qu'il sera
présent «à la rentrée». Reste à
savoir s'il s'agit de la rentrée en piste des trompettes du Jugement
Dernier. Mais à ceux qui prétendent lâchement qu'il
aurait «déposé son bilan», répondons
qu'il ne saurait en être question. Comme toujours, Politis
l'hebdo citoyen renaîtra de ses cendres. En attendant, nous lui
souhaitons un prompt rétablissement.
Par bonheur, des petits jeunes sont prêts
à prendre la relève. Mais sont-ils bien jeunes, les rédacteurs
de l'Ornitho, magazine politiquement
décalé vers la Gauche? On pourrait en douter, tant leur
style est mature, et leurs idées comme déjà discutées
trois cents fois en AG de l'UNEF ou d'SOS Racisme. On y trouve de sympathiques
«coups de gueule» contre les patrons, traités audacieusement
de «loups». Les sans-papiers, il faut les soutenir :
«Les sans-papiers marcheurs partis de Toulouse feront leur entrée
à Paris samedi 02 octobre à 14h par la Porte d'Orléans.
Ils vous attendent bien sûr très nombreux pour les accompagner
jusqu'à Matignon.» Ils n'hésitent pas, les petits
fous, à prendre à partie Bernard Debré, qui avait
eu l'audace de s'en prendre au vulnérable José Bové,
en le traitant de «totalitaire». On n'est pas le frère
de l'infâme Jean-Louis
pour rien: toujours le matraquage des pauvres démunis privés
de caméras. L'Ornitho, ne reculant
devant aucun danger, ne mâche pas ses mots: «Quand le peuple
est totalitaire, M. Debré Bernard, ancien ministre, maire d'Amboise,
ca s'appelle une révolution, et chacun sait que la révolution
n'est pas pour aujourd'hui, mais pour demain matin sans faute.»
Au coeur de l'imprécation à la Mirabeau, toujours ce petit
ton d'autodérision qui fait le charme de nos révolutionnaires
fatigués, mais contents d'eux-mêmes, tels que nous les a montrés
le chaleureux dernier film de Romain Goupil. Oui, décidément,
l'Ornitho, c'est le journal qu'il vous faut.
Le temps de la réflexion
Pour finir, il ne faudrait pas oublier de réfléchir.
C'est ce que propose, inlassablement, contre vents et marées, notre
partenaire les Cahiers de Médiologie.
Autour de Régis Debray et de Modeste Mignon, une équipe rigoureuse
«se prend la tête» comme le dit son chef, pour
repenser le monde à la lumière des révolutions technologiques
et informationnelles (téléphone, fil à couper l'andouillette,
distributeurs automatiques de boissons, Journal des Savants, etc).
A ne pas manquer en octobre, en ligne et en librairie, le numéro
8 intitulé Eloge du Moins. Souhaitons qu'il ne soit pas ici
fait allusion aux capacités neuronales de Régis D.
Vous aussi, surfez sur les e-zines! N'hésitez pas à m'envoyer
l'adresse des meilleurs à mon
nom. Nous referons un dossier sur ce milieu foisonnant et follement
instructif.
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