INTERNET:
LES e-ZINES, CES PRODIGIEUX INSTRUMENTS DE CONNAISSANCE
par Michèle,
Chargée de recherches auprès du Ministère de l'Agriculture,
section Plants de tomates & Potages automatiques


    Avec Internet, c'est un peu comme si le monde entier était à portée de notre main, ou plutôt de notre souris. A l'aube du deuxième millénaire, et alors que le XXIe siècle triste et sanglant s'achève enfin, chacujn sent confusément le besoin de se ressourcer. C'est ce que nous proposent les e-zines, ces outils d'une connaissance exponentielle. Voyage exploratoire au pays de ces défricheurs de talent.

Le régionalisme, une valeur d'avenir
    On l'a encore constaté récemment à propos du débat sur les langues régionales. Cultiver ses racines régionales, c'est un peu préparer la fédération que tout le monde appelle de ses voeux: le terrier est notre patrie, mais l'Europe est notre avenir. C'est du moins l'opinion de tous ceux et toutes celles qui rêvent et qui ont l'espoir généreux.
    Dans cette optique, Gironde Magazine ne peut pas proposer meilleure défense et illustration. Ce journal, qui se proclame «magazine de la culture et du terroir», ne peut mieux correspondre à l'idée de la modernité que se fait le Journal des Savants. La culture, le terroir (terroir et terrier ont même racine, ne l'oublions jamais. D'ailleurs terrasse aussi. Et ver de terre), tels sont également les deux mamelles de notre journal. On trouve dans ce magazine ami une remarquable mine d'écrivains du coin sous la rubrique  «les auteurs aquitains se livrent.» Ne manquez pas le jeu de mots.
    Classés par ordre alphabétique sous leur petite photo, ils ont l'honneur de compter parmi eux des noms aussi prestigieux que ceux de Roger Lignereux ou de Francine Ollivier. Mais c'est bien entendu la contribution de Luc Montanari qu'on retient. Il nous livre, dans son style inimitable, l'histoire de sa vie en deux mots:

«Né à Agen en 1959. Vit à Bordeaux. Il se consacre uniquement à l'écriture (sic) ce qui lui donne la chance d'effectuer quelques voyages qui le conduisent vers New-York, le Canada, Cuba. Amateur de rugby et de corrida, j'aime (sic pour la personne) tout ce qui tourne autour de la fête. Plus sensible au monde social qu'au carcan économique, il entreprendrais (sic) bien des actions d'écriture dans les milieux dévalorisés ou carcéraux.»

    Après cela, qui n'aurait envie de se consacrer «uniquement à l'écriture» pour voyager de-ci de-là en faisant la fête et en allant voir la corrida, tout en jetant un coup d'oeil de temps à autre à son bled CE1 pour «entreprendre» de bonnes «actions d'écriture»? Un site à visiter absolument.

L'engagement citoyen
    Cet impératif catégorique s'impose tous les jours à nous de plus en plus impérieusement. Nous avons retenu deux journaux parmi une multitude significatifs de cette nouvelle militance sympathique, jeune et cultivée.
    Le premier, et le plus ancien, n'a pas donné de ses nouvelles depuis la mi-juillet dernier, mais nous assure qu'il sera présent «à la rentrée». Reste à savoir s'il s'agit de la rentrée en piste des trompettes du Jugement Dernier. Mais à ceux qui prétendent lâchement qu'il aurait «déposé son bilan», répondons qu'il ne saurait en être question. Comme toujours, Politis l'hebdo citoyen renaîtra de ses cendres. En attendant, nous lui souhaitons un prompt rétablissement.
    Par bonheur, des petits jeunes sont prêts à prendre la relève. Mais sont-ils bien jeunes, les rédacteurs de l'Ornitho, magazine politiquement décalé vers la Gauche? On pourrait en douter, tant leur style est mature, et leurs idées comme déjà discutées trois cents fois en AG de l'UNEF ou d'SOS Racisme. On y trouve de sympathiques «coups de gueule» contre les patrons, traités audacieusement de «loups». Les sans-papiers, il faut les soutenir : «Les sans-papiers marcheurs partis de Toulouse feront leur entrée à Paris samedi 02 octobre à 14h par la Porte d'Orléans. Ils vous attendent bien sûr très nombreux pour les accompagner jusqu'à Matignon.» Ils n'hésitent pas, les petits fous, à prendre à partie Bernard Debré, qui avait eu l'audace de s'en prendre au vulnérable José Bové, en le traitant de «totalitaire». On n'est pas le frère de l'infâme Jean-Louis pour rien: toujours le matraquage des pauvres démunis privés de caméras. L'Ornitho, ne reculant devant aucun danger, ne mâche pas ses mots: «Quand le peuple est totalitaire, M. Debré Bernard, ancien ministre, maire d'Amboise, ca s'appelle une révolution, et chacun sait que la révolution n'est pas pour aujourd'hui, mais pour demain matin sans faute.» Au coeur de l'imprécation à la Mirabeau, toujours ce petit ton d'autodérision qui fait le charme de nos révolutionnaires fatigués, mais contents d'eux-mêmes, tels que nous les a montrés le chaleureux dernier film de Romain Goupil. Oui, décidément, l'Ornitho, c'est le journal qu'il vous faut.

Le temps de la réflexion
    Pour finir, il ne faudrait pas oublier de réfléchir. C'est ce que propose, inlassablement, contre vents et marées, notre partenaire les Cahiers de Médiologie. Autour de Régis Debray et de Modeste Mignon, une équipe rigoureuse «se prend la tête» comme le dit son chef, pour repenser le monde à la lumière des révolutions technologiques et informationnelles (téléphone, fil à couper l'andouillette, distributeurs automatiques de boissons, Journal des Savants, etc). A ne pas manquer en octobre, en ligne et en librairie, le numéro 8 intitulé Eloge du Moins. Souhaitons qu'il ne soit pas ici fait allusion aux capacités neuronales de Régis D.

Vous aussi, surfez sur les e-zines! N'hésitez pas à m'envoyer l'adresse des meilleurs à mon nom. Nous referons un dossier sur ce milieu foisonnant et follement instructif.



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