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Oui, enfin ! N'en déplaise aux esprits chagrins,
la loi que l'Assemblée s'apprête à voter ces jours-ci
est une authentique victoire pour nous, les lapines. Désormais,
personne ne pourra plus l'ignorer : une lapine vaut un lapin, et peut-être
même davantage. Grâce au gouvernement mené de
main de maître par Lionel Jospin, nous pouvons, nous lapines, du
seul fait de notre paire de chromosomes XX, accéder aux plus hautes
fonctions de l'Etat : la voie est libre !
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Mais il serait prématuré de crier trop tôt victoire. De sourdes forces rétrogrades s'exercent en sens inverse pour nous reléguer dans la pénombre et l'oubli. Nous sommes menacées, toutes autant que nous sommes, d'un avilissement inouï. À l'heure de l'an 2000 et du premier anniversaire de l'Euro, il serait inconcevable que nous, lapines, fussions exposées aux outrages sexistes de nos prétendus compagnons. Et pourtant... Tout semble aller dans ce sens sectaire et ignoble. « On leur a donné le droit de vote et la parité aux élections, qu'elles se taisent ! » Voilà les paroles scandaleuses qu'on peut entendre pour peu qu'on s'arrête à quelque zinc de la capitale. Et n'allez pas croire que je suis un pilier de comptoir. |
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| Non, mes sœurettes lapines ! Rien ne nous force à prendre pour argent comptant ces promesses électoralistes ; mais rien ne nous oblige non plus à nous en contenter. Nous devons exiger bien davantage ! La parité est insuffisante : en l'espèce seul compte le mérite et les qualités. Nul ne doute que les lapines ont exactement autant de qualités politiques que les lapins. En cela tout le monde a tort : les lapines en ont exactement 2,4 fois plus. C'est ce qui motive ma demande : il faut qu'il y ait 2,4 fois plus de lapines que de lapins à l'Assemblée. Soit, pour une chambre de 577 membres, 408 places réservées à nous autres lapines.Et ce n'est pas du luxe. |