LE GRAND ENTRETIEN DES SAVANTS
LAURENT B.

propos recueillis par Angoreuf Baloche,
chercheur en pizzas,
Université de Marne-l'Avalée


    Laurent B. est un homme secret. Au milieu des tracas domestiques qu'on ne devine que trop, il poursuit une recherche ardue, qu'il couche sur le papier entre deux émissions de télé. C'est avec réticence qu'il consent à nous recevoir, et à nous montrer certaines de ses oeuvres les plus difficiles et encore inédites. Angoreuf, pour LE JOURNAL DES SAVANTS, a vaincu les obstacles de toute sorte et de plusieurs espèces pour accéder à celui que nous sommes heureux de vous présenter.

un homme intègre et de principes

Angoreuf Baloche : Laurent B. ?

Laurent B. : Quoi, qu'esse qu'y a ?

A : Pourquoi refusez-vous de révéler votre nom à la presse ? Est-ce de la timidité ?

L : Ben non, c'est parce que sinon après je vais être célèbre, et puis après il y aura beaucoup de journalistes dans ma maison, et j'aurai plus le temps de rien faire. (silence) D'ailleurs, ça commence déjà avec toi. (rires)

A : Je vous dérange dans vos recherches ?

L : C'est pas ça, mais c'est l'heure de la petite maison dans la prairie, alors tu comprends...

A : Oh mais je peux partir, je peux revenir une autre fois.

L : Non, non, ho là là, vous les lapins vous êtes tous pareils, suspectibles et tout et tout... Non, mais reste, assieds-toi ! Rhooo, te vexe pas comme ça ! Tiens, tu veux une assiette de riboulade, il en reste un peu ? (pause bouffe)

A : Parlez-nous de vos recherches actuelles.

L : Oh, mais c'est fini, je les ai retrouvées.

A : Pardon ?

L : Oui, ce matin. Mes chaussettes. Le chien les avait fourrées sous le lit. Ah mais j'ai passé un de ces temps ! Impossible de les trouver.

A : Une question me brûle les lèvres : pourquoi ne pas en avoir pris une autre paire dans vos tiroirs ?

L : Aahh, question de principes, monsieur.

la création contemporaine

A : Que nous préparez-vous pour la rentrée littéraire ? Un premier recueil ?

L : Oui.

A : Quel en est le titre, et où va-t-il paraître ?

L : Ca s'appelle Télévision quand tu nous tiens, et ça paraît sur un site très bien d'Internet.

A : Un site de jeunes talents contemporains ?

L : Tout juste, Auguste (rires). Oh, mais tu vas pas encore te vexer, non ? Je sais que tu t'appelles pas Auguste, mais Andouilleuf.

A : Angoreuf ! Avez-vous un exemple de vos magnifiques poèmes, injustement inconnus, et que vous accepteriez de confier au JOURNAL DES SAVANTS ?

L : Non.

A : Comment ça ? Mais au téléphone vous aviez dit que...

L : Oui, mais depuis j'en ai parlé à ma femme, et elle dit que ça pue l'arnaque, comme elle dit, que c'est pour me spolier, que vous m'avez enjôlé avec des belles paroles, comme on dit dans Télé Z, et que vous allez m'arnaquer à cause du copiraïte, qu'elle dit. Alors c'est non. (palabres et menaces) Bon d'accord, vous pouvez les prendre. Je vais choisir le meilleur. Ca s'appelle Requins de la télé.

une fibre sociale

A : Magnifique. Vous allez goûter un succès mérité. Mes félicitations.

L : C'est vrai, tu le penses ? Pasqueu, y en a qui m'ont dit le contraire.

A : Et en plus j'ai bon goût. D'où vous viennent toutes vos idées de rimes ?

L : Du dictionnaire que ma femme m'a donné pour mon anniversaire. Tu cherches à un mot qui doit rimer, et tu trouves plein de mots qui riment.

A : Fascinant. Et que pensez-vous des audaces formelles toutes récentes d'un Apollinaire ou d'un Empailleuf ? En d'autres termes, ne croyez-vous pas que des rimes plates sur des vers sans rythme c'est un peu vieillot ?

L : Je connais pas ces messieurs, mais on voit qu'il en ont pas toujours bavé dans leur jeunesse. Sans ça, ils auraient pas pris le temps d'avoir des audaces.

A : Que voulez-vous dire par là ?

L : Oohh, je m'comprends, allez.

Sur ces mots sybillins et dignes de l'oracle de Delphes, nous avons laissé le poète à ses oeuvres. D'ailleurs c'était le début de Supercopter, et il restait un fond de riboulade.



revenir au sommaire du numéro 1.

visiter le site futur de Laurent B.

lire dès maintenant Requins de la télé.